jeudi 12 mars 2009

S’arrêter pour mieux savourer

Trois mois…

Trois mois déjà que j’ai choisi de donner une autre substance au voyage et de ralentir sérieusement le rythme des déplacements.

Avant cet « arrêt sur image », la cadence de trois pays en huit semaines était effrénée. Entre les Gauchos de Tacuarembó, la palette de couleurs de Valparaiso, les odeurs de souffre du volcan Villarica, la surprenante Patagonie, les terres désertiques d’Argentine, … j’avais parcouru des centaines de paysages et croisé des milliers de regards.

Pour mieux comprendre et apprécier ce que je vis, il me fallait prendre un peu du recul et m’imprégner davantage du pays et de ses idées. Impossible de continuer à avancer comme je le faisais jusqu’ici, trop consumériste à mon sens.

A ce propos, j’ai lu un article sur un jeune journaliste allemand dernièrement. Celui-ci a choisi de sillonner différents continents avec comme appui touristique la version « on the foot string » (comprenez petits budgets) le célèbre guide australien « Lonely Planet ». Il cherchait ainsi à comparer les aspirations au voyage des jeunes d’aujourd’hui, par rapport à il y a 30 ans. Si l’objectif de continuer à dépenser peu et de se créer son propre itinéraire est bien là, l’ouverture culturelle, elle, est de moins en moins claire. Loin du système d’excursion organisée, les jeunes « mochilleros » (ceux qui voyagent avec un sac à dos) pour autant ne se distinguent plus par les activités qu’ils recherchent. Sensations fortes et fête sont les principales composantes. J’avais déjà pu remarquer cela avec la façon de voyager des israéliens. Dans une société où se montrer c’est réussir, beaucoup cherchent à traverser un maximum de frontières et de lieux touristiques. « J’y étais », voilà ce qu’il faut pouvoir dire : Manu Picchu, je l’ai vu. Rio de Janeiro, je connais. La Patagonie, j’y ai marché…

Le voyage c’est autre chose selon moi. Utiliser les transports locaux, échanger quelques mots avec le voisin de droite, lire le quotidien national et se lancer dans des conversations interminables sur l’économie du pays, la politique en place, l’auteur à scandale… là nous parlons de tourisme et d’ouverture. Lorsque l’on me demande ce que j’ai fait durant tant de temps, j’ai trop vite tendance à résumer au tangible. Mais les nombreuses lectures que j’ai eues et la compréhension petit à petit des problématiques argentines m’ont semblé beaucoup plus concrètes.

Pour autant, je vous rassure- car je vous écoute déjà me dire « mais tu as fait quoi au juste, pendant trois mois ? – il y a également du très palpable.