Peu apres la ville frontaliere de Perito Moreno, un nouveau pneu creve
Chapitre 1 : Sur la route longtemps oubliee du Chili
Depart de Bariloche, direction la Carretera Australe. Construite en 1970 par Pinochet pour relier le Chili au reste du pays, cette route n'est ni plus ni moins qu'un long chemin de terre ou la vitesse de croisiere ne depasse pas les 40km/heure. Nous aurons ainsi le loisir de decouvrir la diversite des regions, qui se dessinent entre jungle, sinuosite montagneuse et infinite oceane. Voire un peu des trois a la fois, comme ce petit village de pecheurs : Puerto Puyuhuapi. Ne vous etonnez pas de deguster jus de canne et saumon grille apres une longue randonnee, les pieds dans la neige. Et quel plaisir de passer la nuit dans un parc national (PN Queulat) a quelques pas d'un gigantesque glacier suspendu!
Nous alternons le periple entre camping et petits hotels. Quoi de plus agreable qu'une douche chaude et des draps propres? Surtout apres les heures passees enfermees dans la voiture pour se proteger de la pluie qui nous poursuivra pendant les premiers jours du voyage.
Puis le soleil revient a Coyhaique, l'une des principales villes du Sud du Chili. Arrives sur place, on relativise les eloges des guides touristiques. Certes, elle est grande en comparaison de ses voisines mais, pour autant, on en fait vite le tour. Comme beaucoup d'autres centres touristiques en Patagonie, on n'y vient plus pour la nature que l'attrait urbain.
De notre cote, elle reste une etape pour atteindre, a tout juste trois heures de route, le lac General Carrera, a la frontiere avec l'Argentine. Et quel spectacle...des couleurs absolument magiques! D'ailleurs, les photos sont loins de rendre l'impression d'ensemble. Toute la beaute de la Patagonie tient dans la particularite de ses paysages. Qui pourrait imaginer la vegetation propre aux terres desertiques se fondre dans le bleu gaciaire du lac?
Chapitre 2 : La vie entre parentheses
Commence la partie a la fois la plus etrange et la plus triste du voyage. Non pas pour cette incomprehension qui persiste entre les israeliens et moi, malheureusement on s'habitue (plus ou moins) a tout. Mais plutot pour cette Argentine oubliee. Passes le lac Buenos Aires (toujours le meme mais de l'autre cote de la frontiere), nous entrons dans les terres desertiques et desertees de la Patagonie.
Ici rien ne pousse, ce qui signifie une economie quasi nulle, a part les quelques regions qui profitent de l'activite petroliere. Le manque d'investissements apporte aux villes me choque, mis a part l'autoroute qui semble etre le seul bien public dont l'Etat daigne reellement prendre soin, et encore. Tout autour ce sont des maisons de tole et de briques, des dechets qui jonchent les rues et des sacs plastiques qui volent. Quant a l'unique cafe ou les locaux viennent depenser quelques pesos, ce n'est autre que la station service elle-meme, qui fait aussi supermarche et boutique souvenirs. Et ne me parlez pas de manques de moyens! Lorsque je lis que de nombreuses lignes aeriennes de la compagnie nationale Aerolineas Argentinas vont fermer, c'est surtout pour investir dans les zones les plus touristiques ou, etrangement, le couple presidentiel y a ses quartiers. Et oui, bienvenue a El Calafate, "petite ile perdue au milieu de l'ocean" ou Crusoe ne risque pas de manquer de vivres.
Chapitre 3 : Les bijoux de la Reine
Nous y voici donc a El Calafate, ce petit paradis economique pour commercants et tours operateurs. Savez-vous que le pays a developpe une politique differentiatrice entre touriste argentin et etranger? Rien de plus normal me direz-vous. Jusqu'a un certain point oui. Lorsque celui-ci atteint des sommes deux a trois fois plus eleves simplement parce que nous ne possedons pas la nationalite, je considere plutot cela comme du vol legal. Mais soit.
Nous entrons donc dans le Parc National Los Glaciares pour admirer le glacier Perito Moreno de 60km de long sur 2 de large qui, a l'inverse de beaucoup d'autres, avance chaque annee un peu plus. Je dois bien avouer qu'il est grandiose. Rien ne perturbe le regard que l'immensite bleue des millions de metres cube d'eau...
Nous ne nous aventurerons malheureusement pas plus loin dans cette multitude crevasses car la visite armes de crampons s'accompagne d'un prix beaucoup trop prohibitif pour l'expedition qu'elle represente.
Puis retour en ville ou un enieme probleme mecanique m'offrira toujours plus le loisir de profiter de mes chers compagnons de route. Car en tout juste une dizaine de jours, nous avons deja eu le plaisir d'experimenter trois reparations de pneus, l'achat d'un nouveau et l'immobilisation du vehicule pour dysfonctionnement du systeme rotatif. N'en demandez pas plus, je n'y connais rien.
14 novembre apres-midi. Ca y est, la Kangoo est de nouveau sur pied. Nous repartons, cette fois pour El Chalten, a tout juste quatre heures d'ici. Les couleurs du ciel donnent aux nuages des impressions de tache d'huile sur la chaine montagneuse. Un dernier tournant et nous apercevons le celebre Fitz Roy...dans toute sa majestuosite.
Pour la petite histoire, il a été gravi pour la première fois par l'alpiniste français Lionel Terray accompagné de Guido Magnone en 1952. En dépit de sa faible altitude (3405m), il reste le sommet le plus dur au monde, a la fois pour le niveau d'escalade qu'il requiert et les conditions climatiques, généralement extrêmes. Encore aujourd'hui, il n'est grimpé en moyenne qu'une fois dans l'année (Merci a Wiki).
Vous imaginez bien que nous avons choisi la randonnee plus soft, le Sendero Fitz Roy. Aucune difficulte particuliere, toute l'attention se porte sur le panorama, a couper le souffle : le Condor pret a s'abattre sur sa proie, la vallee aux airs de sentier africain, un glacier suspendu aussi loin que puisse se perdre le regard...