
Tres bien, il est temps de vous parler des quelques nuages du voyage, ou comment tester ses propres limites de sociabilite. Ainsi donc un periple en voiture de location pour visiter la Patagonie comme aucune compagnie de bus ne pourrait le proposer, du moins a des prix abordables. Les deux israeliens que j'ai rencontre a Santiago -Omar et Ran- s'activent des Pucon pour preparer le road trip : reflechir a la route a prendre, louer la voiture, trouver deux dernieres personnes pour remplir les sieges vides, et bien sur acheter l'equipement de camping. Ce voyage, c'est un peu le leur, ils y reflechissent depuis quelques semaines, sous les conseils d'amis a eux qui en ont fait l'experience l'annee precedente. Ils prennent donc un certain plaisir a l'organiser. Personnellement, jusqu'au dernier moment je ne suis pas tout a fait sure de les suivre. Et en meme temps je ne refuse pas l'idee. Bref, mon erreur fut de ne pas chercher avec eux les deux autres personnes. Car ou chercher le plus facilement du monde que dans sa propre communaute?
C'est ainsi que les israliens vivent le voyage, en communaute. S'ils partent quelques mois vivre l'aventure en Amerique Latine, en Afrique ou en Asie, c'est avant tout pour s'offrir une pause apres deux trois ans dans l'armee, tout juste avant de commencer leurs etudes. C'est aussi pour fuire cette guerre qui les poursuit. S'offrir une parenthese dans ce douloureux quotidien ou la vie de tout un chacun se fait au son de la radio qui rabache chaque jour les drames de leur pays. Un peu d'air, du plaisir, des sensations, oui. Mais un depaysement qui s'arrete aux paysages, aux excursions et a quelques sports extremes. Le plus douloureux dans ce voyage a donc ete pour moi le manque d'interet qu'ils semblent porter aux non-israeliens. Aucune curiosite, aucune ouverture d'esprit. Ils ne cherchent pas a te connaitre, comme ils ne cherchent pas a comprendre le pays qui les accueille. Les questions politiques ou economiques, les particularites culturelles, .... Rien, absolument rien ne les interesse plus dans ce voyage que la propre image qu'ils renvoient d'eux-memes dans les centaines d'autoportraits qu'ils collectionnent. Au debut, j'ai cru cette attitude propre au groupe avec lequel je voyageais. Mais je me suis vite rendue compte que la plupart des Israeliens sont similaires. Combien de personnes avec qui j'ai echange sur le sujet m'ont repete les difficultes qu'elles ont elles-memes rencontrees? Hotels, restaurants ou simpes globe-trotteurs, chacun est unanime sur le comportement parfois deplorable de cette categorie de touristes. Pour certains impolis, voire parfaitement irrespectueux du lieu, ils appartiennent surtout selon moi a cette categorie de population qui "consomme" (mal) le voyage : visite des "hot" spots, activites sportives phares (surf des sables, treks, kayak, ...) mais aucun musee, aucune etude sur les particularites culturelles ou les regles de base a adopter dans certains lieux. D'ailleurs, la preuve la plus flagrante de ce manque d'ouverture est bien les dizaines de blogs ou sites dedies aux voyageurs qui donnent adresses d'auberges de jeunesse ou d'excursions dedies aux Israeliens.
J'ai peut-etre ete virulente dans mes propos, selon vous. Je vous donne simplement le conseil suivant. Si vous souhaitez connaitre cette culture, partager impressions et opinions avec un israelien, n'hesitez surtout pas. Mais ne faites pas l'erreur de pousser l'experience jusqu'a vivre uniquement avec eux. Nous-memes avons tendance a faire peu d'efforts au sein d'un groupe majoritairement francais. La vraie difficulte apparait lorsque les liens sociaux se limitent a des questions strictement pratiques (indication du trajet, services divers). Alors les relations humaines deviennent pesantes, voire oppressantes, surtout lorsqu'amplifiees -dans mon cas- par le confinement de la voiture.



Ici rien ne pousse, ce qui signifie une economie quasi nulle, a part les quelques regions qui profitent de l'activite petroliere. Le manque d'investissements apporte aux villes me choque, mis a part l'autoroute qui semble etre le seul bien public dont l'Etat daigne reellement prendre soin, et encore. Tout autour ce sont des maisons de tole et de briques, des dechets qui jonchent les rues et des sacs plastiques qui volent. Quant a l'unique cafe ou les locaux viennent depenser quelques pesos, ce n'est autre que la station service elle-meme, qui fait aussi supermarche et boutique souvenirs. Et ne me parlez pas de manques de moyens! Lorsque je lis que de nombreuses lignes aeriennes de la compagnie nationale Aerolineas Argentinas vont fermer, c'est surtout pour investir dans les zones les plus touristiques ou, etrangement, le couple presidentiel y a ses quartiers. Et oui, bienvenue a El Calafate, "petite ile perdue au milieu de l'ocean" ou Crusoe ne risque pas de manquer de vivres.
14 novembre apres-midi. Ca y est, la Kangoo est de nouveau sur pied. Nous repartons, cette fois pour El Chalten, a tout juste quatre heures d'ici. Les couleurs du ciel donnent aux nuages des impressions de tache d'huile sur la chaine montagneuse. Un dernier tournant et nous apercevons le celebre Fitz Roy...dans toute sa majestuosite. .jpg)
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Départ à 5 heures du matin, un peu avant les premiers rayons du soleil. Une dizaine de grimpeurs et quatre guides entreprennent l'ascension du Volcan Villarica, niché à 2850 m. Il nous faudra un peu plus de six heures et 1800 mètres de dénivelé pour découvrir le coeur du cratère, toujours actif.
Au fur et à mesure que nous grimpons, nous ressentons de plus en plus intensément les émanations de soufre. Certaines se sont figées pour être recouvertes par la neige et la glace, formant des sculptures particulières que nous pouvons observer en marchant. La marche n'est d'ailleurs pas aussi simple que je le pensais et je commence à plaindre les débutants. Peu d'assurance de la part de l'équipe encadrante et une pente qui commence à ressembler plus à du 40 degrés qu'à du 30. Un faux pas et c'est la glissade assurée, quant au point de chute... Je ne préfère pas y penser. Nous ne mettrons pas non plus les crampons. Il faut croire que marcher sur la glace ne nécessite pas plus de protection.
L'heure de la descente. J'ai choisi l'option "luge", autrement dit sur les fesses. Elle se fait d'autant plus rapidement que la pente est forte. Encore 4-5 autres glissades et nous finissons la balade à pied, sur la terre ferme cette fois.


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